Accueil A la une Urgence vitale : La filière laitière en grande difficulté

Urgence vitale : La filière laitière en grande difficulté

 

Deux options, et seulement deux : « Aider l’agriculteur à faire baisser les coûts de production, ou revoir à la hausse le prix du litre de lait ».

L’industrie laitière nationale, depuis longtemps un pilier essentiel du secteur agricole, est aujourd’hui en pleine crise. Son avenir est mis à l’épreuve par des défis sérieux: l’augmentation des coûts de production et la sécheresse, qui a déclenché une spirale de hausses des prix touchant de près les éleveurs, les producteurs d’aliments pour le bétail et les consommateurs.

La sécheresse sévère qui a frappé la Tunisie a entraîné une augmentation spectaculaire des prix des produits fourragers essentiels. Selon les données disponibles, le coût d’une botte de paille aurait atteint un sommet alarmant de 25 dinars, tandis qu’une botte de foin se négocie désormais à 12 dinars. Une situation qui pénalise l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, mais c’est le secteur de la production laitière qui subit le plus de pression depuis quelque temps déjà.

En juin 2023, le directeur général de la production agricole au sein du ministère de l’Agriculture, Abdelfattah Saied, a fait état de chiffres alarmants, notamment ceux relatifs au prix du kilogramme d’aliments composés destinés aux vaches laitières qui a atteint des sommets, 1.600 millimes, tandis que celui destiné à l’engraissement se maintient à 1.500 millimes. Des coûts exorbitants qui mettent en péril la viabilité financière des éleveurs.

Appel urgent

Face à ces enjeux cruciaux, le Chef du gouvernement, Ahmed Hachani, a lancé un appel urgent, mercredi, à toutes les parties prenantes pour qu’elles travaillent de concert à trouver des solutions efficaces. L’objectif est de préserver l’industrie laitière, un pilier de l’économie nationale, tout en garantissant le pouvoir d’achat des consommateurs.

Lors d’une réunion ministérielle tenue à La Kasbah ce mercredi, le Chef du gouvernement s’est, en effet, penché sur l’état préoccupant de l’industrie laitière. Au cours de cette session de travail, il a passé en revue une série d’indicateurs et de statistiques clés relatifs à la chaîne de valeur du secteur laitier, mettant en lumière l’évolution des coûts de production malgré les défis persistants.

Toutefois, la résolution de ces problèmes complexes exige une collaboration et une réflexion stratégique à tous les niveaux. Et tous les regards sont tournés vers ceux qui ont le pouvoir décisionnel.

« Évidemment, nous saluons toute initiative visant à sauver le secteur et, d’ailleurs, cette réunion prouve que le sujet est sur la table », a déclaré Midani Dhaoui, président du Syndicat des agriculteurs (Synagri) au journal La Presse, soulignant l’importance cruciale d’une intervention immédiate. La sécheresse, une crise mondiale sans précédent, a exacerbé les difficultés de l’industrie laitière, mais selon Dhaoui, ce n’est pas la seule cause de la détresse actuelle.

Augmenter les prix ou réduire les coûts

Le président du Synagri a exprimé son inquiétude quant à l’absence d’une solution pérenne pour préserver la filière. Face à cette crise majeure, il affirme qu’il existe actuellement deux options, et seulement deux: « Aider l’agriculteur à faire baisser ses coûts de production, ou revoir à la hausse le prix du litre de lait ».

Dhaoui appelle le gouvernement à réunir toutes les parties prenantes de la filière laitière, de la production à la distribution, pour engager un dialogue constructif en vue de trouver une solution équilibrée qui puisse satisfaire à la fois les professionnels et les consommateurs. Il insiste sur la nécessité de sauver ce qui reste de la filière laitière, rappelant que de nombreux agriculteurs sont contraints de vendre leurs cheptels à contre-cœur, car ils luttent pour survivre dans un environnement de plus en plus hostile.

La crise dans l’industrie laitière tunisienne exige une réponse immédiate et concertée. Midani Dhaoui souligne que le sort de ce secteur vital repose désormais sur les épaules de ceux qui ont le pouvoir de façonner son avenir. Selon Chokri Rezgui, vice-président de l’Utap, le cheptel des vaches laitières aurait largement rétréci passant de 670 000 à 450 000 têtes au cours des trois dernières années.

Dans les supermarchés, le manque d’approvisionnement semble reprendre, laissant le consommateur, encore une fois, obligé de guetter l’arrivée des camions.

 

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